Conseiller régional d'Ile-de-France bien connu depuis son outing, en 2000, dans un gratuit gay, Jean-Luc Romero avait longtemps été le porte-parole d'une droite gay-friendly. Membre du RPR, puis de l'UMP dont il a été secrétaire national, il défendait la possibilité d'être de droite, ouvertement gay et séropositif… Avant de rompre avec l'UMP, notamment en raison des positions du parti de la majorité sur les LGBT et le sida.
Alors que les militants socialistes ont voté hier soir pour les listes PS aux élections régionales de mars 2010, Jean-Luc Romero confirme en exclusivité à TÊTU qu'il sera candidat en position éligible –probablement en 4e place– sur la liste apparentée PS d'Ile-de-France.
TÊTU: Des rumeurs vous disent en bonne place sur la liste PS aux élections régionales. Le confirmez-vous?
Jean-Luc Romero: Oui. Depuis que j'ai rejoint le groupe Radicaux de gauche et apparentés au Conseil régional, je suis en contact avec Jean-Paul Huchon (président du Conseil régional, NDLR), Bertrand Delanoë et Anne (Hidalgo, première adjointe du maire de Paris, NLDR). Il y a quelque temps, ils m'ont dit: "On va travailler ensemble pour les régionales." J'ai accepté. Je devrais être en position éligible.
Qu'est-ce qui vous a décidé à rallier le camp de gauche?
C'était une évidence: je ne fais que continuer le travail commencé avec ce groupe. Je suis en phase avec le programme de la gauche, à la fois sur la politique régionale et sur les grands combats de société que je mène: la lutte contre le sida, les droits LGBT ou l'euthanasie, sur lesquels je ne compte plus faire de concession.
Pourquoi avez-vous rompu avec l'UMP?
Je suis en désaccord avec l'UMP sur toutes les questions de société. Cette rupture date d'avant les présidentielles de 2007, la goutte d'eau étant le soutien hypocrite à Christian Vanneste, dont on nous disait qu'on allait le virer de l'UMP, mais qui ne l'a jamais été. Puis l'absence totale de soutien que j'ai reçu quand le même Vanneste m'a poursuivi en justice.
Quel jugement portez-vous sur le gouvernement actuel?
Je suis très déçu de cette majorité. Tous les discours pour l'égalité et la lutte contre les discriminations n'ont été que des leurres. Il y a un décalage entre les discours d'ouverture et les actes. La majorité parlementaire UMP est très conservatrice, elle s'allie avec De Villiers, et au sujet de l'euthanasie, comme je l'ai dénoncé dans mon livre*, elle laisse s'exprimer des députés dont on nous dit qu'ils sont minoritaires, mais qui ont une forte influence. De fait, le Parlement français est à la traîne sur plein de questions de société, de l'homosexualité à l'euthanasie. J'estime avoir été entendu à l'époque du gouvernement de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin, qui avaient fait du sida une grande cause nationale. Aujourd'hui, sur ces questions, la droite est en phase de régression.
Mais puisque vous portez des combats souvent identifiés comme étant «de gauche», pourquoi vous étiez-vous engagé à droite?
Depuis mes premiers engagements en politique, il y a presque 40 ans, je me considère comme un gaulliste humaniste. C'est vrai que j'ai porté des combats singuliers à droite: j'étais contre la peine de mort quand ils étaient tous pour, pour les droits des homos… Mais je ne me suis senti en très grand décalage qu'à partir des débats sur le pacs, à la fin des années 90. Les positions de la droite sur ces questions de société me semblent plus dures et plus violentes qu'auparavant.
Allez-vous adhérer au Parti socialiste?
Personne ne me l'a demandé, ni au Parti radical de gauche ni au PS. Ils m'ont juste demandé de venir avec les combats que je porte, sans me poser aucune condition… sauf de soutenir la politique régionale de Jean-Paul Huchon, ce qui est normal quand on est sur la liste.
En changeant de bord politique, avez-vous l'impression de vous renier?
Non. Je sais qu'il y beaucoup de saloperies qui sortiront. Mais je n'ai pas l'impression que ce soit un grand changement puisque je défendrai les mêmes idées. Depuis le pacs, mes combats sur les questions de société, je les ai menés avec la gauche. Il fallait que j'en tire des conclusions, en notant que Bertrand Delanoë et Jean-Paul Huchon ont toujours été à mes côtés dans ces combats. Et puis, j'ai commencé à soutenir la gauche quand elle a commencé à perdre toutes les élections. Je ne suis donc pas opportuniste!
* Les voleurs de liberté (éd. Florent Massot).
Propos recueillis par Paul Parant.