Aux Etats-Unis, les premiers fragments de la gigantesque marée noire échappée de la plateforme pétrolière qui a sombré le 22 avril dernier, ont commencé à atteindre les côtes de la Louisiane et l'embouchure du Mississippi, vendredi 30 avril vers 3h30, heure française.
Au coucher de soleil de jeudi soir, on pouvait distinguer la ligne menaçante de la nappe de pétrole s'avançant peu à peu vers la côte de la Louisiane. Les barrages flottants déployés pour protéger les plages de sable et les prairies situées au bord de la côte étaient impuissants à contenir les vagues huileuses de 1,5 m de hauteur, en raison d'une mer agitée.
La nappe qui s'avance est finalement cinq fois plus grande que ce qui avait été estimé. Elle est arrivée également plus tôt que prévu sur les côtes américaines, jeudi soir, alors que les prévisionnistes avaient penché pour vendredi soir. "Nous sommes très inquiets", a reconnu David Kennedy, de l'agence national océanographique et atmosphérique à l'AP. "J'ai vraiment peur. Elle est vraiment très, très grande. Et les travaux qu'il faudra mener pour la combattre, seront tout simplement énormes".
L'arrivée du pétrole sur la côte marque le début de ce qui, selon les défenseurs de l'environnement, pourrait devenir l'une des pires catastrophes écologiques des dernières années aux Etats-Unis. Les marais côtiers de la Louisiane constituent un sanctuaire pour la faune, en particulier les oiseaux aquatiques, et les autres Etats de la région, la Floride, l'Alabama et le Mississippi notamment, craignent que la nappe de pétrole ne souille leurs plages et ne pollue les pêcheries, cruciales pour l'économie locale.
Jusqu'à 100.000 barils de pétrole pourraient polluer le golfe du Mexique
"Nous sommes très offensifs et préparés au pire scénario", a de son côté déclaré Sally Brice-O'Hara, contre-amiral des garde-côtes à la Maison Blanche. Au-delà d'une inspection de toutes les plates-formes de forage dans le golfe du Mexique, la priorité sera d'apporter un soutien matériel au groupe BP pour lutter contre la marée noire, ont précisé des agents fédéraux. Le gouvernement se défend d'avoir tardé à réagir.
Jeudi, la marée noire a été décrétée "catastrophe nationale", selon la ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano. Dans le même temps, le président Barack Obama a promis de mobiliser "tous les moyens disponibles", dont l'armée.
L'équivalent de 5.000 barils de pétrole se déverse chaque jour dans les eaux du golfe du Mexique, soit cinq fois plus qu'initialement prévu lorsque la plateforme a sombré le 22 avril dernier.
Si le puits situé à 1.500m de profondeur ne peut être fermé, quasiment 100.000 barils de pétrole, soit 15,9 millions de litres, pourraient polluer le golfe du Mexique avant qu'un puits de secours, voire deux, ne puissent être percés pour réduire la pression. A titre de comparaison, 42 millions de litres de brut s'étaient déversés dans les eaux du détroit du Prince William en Alaska le 24 mars 1989, lors de la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis, provoquée par le naufrage de l'''Exxon Valdez".
Le coût de la catastrophe pourrait facilement atteindre le milliard de dollars (755 millions d'euros).
Mercredi, une action en justice a été intentée au nom de deux éleveurs de crevettes en Louisiane à la suite de la marée noire. Au moins cinq millions de dollars de dommages-intérêts compensatoires ainsi qu'un montant indéterminé de dommages à titre punitif sont demandés à Transocean et BP, respectivement propriétaire et exploitant de la plate-forme de forage, Halliburton Energy Services et Cameron International.
(Nouvelobs.com avec AP)