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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 17:51

chien-mechant.jpgLe virus responsable de la pandémie de grippe A est source de nombreuses controverses dans le monde médical et scientifique.

Ce n'est pas encore l'heure des règlements de comptes, mais les escarmouches se multiplient. Certains médecins recommandent la vaccination, en invoquant la protection collective, d'autres y sont opposés au nom des libertés individuelles. Des experts préconisent un usage systématique des antiviraux et d'autres réservent le Tamiflu et le Relenza aux cas graves. La pandémie de grippe A révèle des limites d'un exercice délicat : la place de l'expertise scientifique en cas de crise sanitaire. La controverse touche aussi le rôle de la médecine de ville, le plan de communication gouvernemental, l'attitude des professionnels de santé ou les mesures d'hygiène. Ces contestations se doublent parfois d'une opposition politique ou idéologique ou de la défense d'intérêts particuliers qui compliquent encore la lecture des discours. Résultat, le grand public semble perdu dans un déluge d'infomations, d'avis et d'injonctions qui se télescopent et obscurcissent le débat plutôt que de l'éclairer.

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« Les crises sanitaires vont se multiplier et nous serons de plus en plus souvent confrontés à ces situations où le pouvoir politique est mal à l'aise face à une opinion publique sceptique. Les décideurs sont coincés entre ce que les gens veulent entendre et ce que la science peut leur dire », résume Claude Le Pen, économiste de la santé à l'université de Paris Dauphine. « Nous avons besoin d'une haute autorité qui définisse la déontologie de l'expertise », réclame le docteur Marianne Buhler, de Réseau Environnement Santé. « Dès que l'on parle des vaccins ou des antiviraux sur un mode positif, on est vendu à l'industrie. Une partie du discours est de nature fantasmatique »,rétorque Jean-Marie Cohen, coordinateur national du réseau GROG, qui surveille l'évolution de l'épidemie de grippe en France.

Crise de défiance


Face à la crise de défiance ponctuant l'opération « halte au virus », tous les experts s'accordent sur un point : on a mal estimé l'état de l'opinion. « Il est illusoire de parler de vaccin sans aborder la manière dont la vaccination est perçue dans la société. Les rumeurs diffusées sur Internet révèlent des craintes que nous devons prendre en compte », indique le député-médecin Jean-Pierre Door (UMP), rapporteur d'une mission parlementaire sur le H1N1 qui vient de démarrer.


Dès l'apparition de la menace, en avril, les scientifiques ont été pris de court par un virus qu'on n'attendait pas, dont le nom a changé à plusieurs reprises : « Quand on a du mal à nommer un ennemi, c'est mal parti »,constate Jean-Claude Manuguerra, responsable de la cellule d'intervention biologique d'urgence à l'Institut Pasteur. « C'est très difficile de donner un avis à des décideurs. On manque toujours de recul. Un article ne fait pas la vérité scientifique »,remarque ce virologue. François Bricaire, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, estime, lui aussi, que la valse-hésitation initiale a brouillé le discours. « Si nous sommes incapables de dire quand le phénomène va survenir et avec quel type de virus il va s'exprimer, nous sommes dans le flou artistique. Il y a le risque de crier au loup sans arrêt sans rien voir arriver. »


Deux controverses majeures montrent l'étendue des incertitudes qui continuent de traverser la communauté scientifique : l'efficacité des vaccins et l'usage des antiviraux. Antoine Flahaut, directeur de l'Ecole des hautes études de santé publique (EHESP), conteste ainsi un des arguments clefs du plan officiel : en se vaccinant, on brise la chaîne de transmission du virus et on protège ses proches. « Nous ne disposons d'aucun élément de preuve pour dire que la vaccination est un geste civique et collectif, alors que son intérêt sur plan individuel est évident. Avant de culpabiliser les personnels de santé pour leur manque d'altruisme, il faudrait disposer de preuves. »


Brigitte Autran, immunologiste à l'institut fédératif de recherche Immunité Cancer Infection, à Paris, ne doute pas une seconde de l'intérêt de la vaccination. « Cela fait mal au coeur de voir ce déluge de désinformation. La vaccination est une des armes les plus fantastiques que les hommes ont inventées dans le traitement des maladies. C'est la seule pratique médicale qui ait été capable d'éliminer des maladies de la surface de la terre. Nous avons une chance inestimable de posséder ces vaccins », estime-t-elle.

Cacophonie

Ces arguments contradictoires ont-ils pesé sur la population générale comme sur les personnels de santé ? La réponse de Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat des personnels infirmiers, est sans appel. « Pourquoi un médecin sur deux et deux infirmières sur trois refusent-ils de se faire vacciner ? », interroge ce syndicaliste très remonté contre le plan Bachelot. « Nous avons du mal à accepter les discours incantatoires et un peu infantilisants. »

Ce membre du corps infirmier s'élève aussi contre les « cadences infernales » imposées dans les centres de vaccination. « Nous ne sommes pas dans la médecine vétérinaire avec un troupeau devant être vacciné à la chaîne. » En fait, ces professionnels qui font tourner les hôpitaux ont été très vexés de ne pas avoir été entendus par la « médecine d'en haut » qui a organisé le plan. « Il ne faut pas laisser la technostructure décider sans consulter ceux qui sont au plus près des besoins », remarque Thierry Amouroux. Ce contexte « cacophonique » est également dénoncé par Patrick Zylberman, historien de la médecine. « La communication gouvernementale a contribué à creuser le fossé entre les politiques, les scientifiques et l'opinion. »L'attitude de certains mandarins est jugée plus sévèrement encore par Jean-François Delfraissy, directeur de l'institut des maladies infectieuses à l'Inserm. « Je n'arrive toujours pas à comprendre le positionnement d'un certain nombre de confrères dans la médecine de ville ou de certains professeurs. C'est de l'inconscience, probablement faite de méconnaissance. » Quelles leçons faudra-t-il tirer de cette campagne quand l'heure du bilan sanitaire, économique et sociétal sonnera ? Pour Claude Le Pen, c'est simple : « Le danger majeur pour un politique, c'est de ne pas en faire assez. Le risque d'en avoir trop fait ne vous traînera jamais devant un tribunal, alors que l'inverse vous emmène vers la Cour de justice de la République. »


Alain Perez des Echos.fr

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commentaires

C
<br /> A force de manipulations, le français devient méfiant. Un jour, il finira même par apprendre à dire "NON".<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> Oui mais quand ?<br /> <br /> <br />
T
<br /> Nous sommes très loin du stade de l'épidémie et on vient nous parler de pandémie !<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> c'est une pandémie, que dis je, une révolution !!<br /> <br /> <br />

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